Maman warrior : forte… mais à quel prix ?
- Rozenn Le bloa
- 8 nov.
- 3 min de lecture
L’injonction à être forte est valorisée dans notre société. Mais derrière cette image de solidité, se cache souvent un épuisement invisible qui isole et fragilise.
L’image de la “maman warrior” : un modèle… ou un piège ?
On la connaît toutes.
Cette maman qui gère avec le sourire, encaisse sans broncher, assure sur tous les fronts.
Elle se répète : « Il faut que je tienne. »
Elle se dit qu’elle ne va pas craquer “pour ça”, qu’elle ne veut pas déranger.
Et même quand elle est à bout, elle considère que céder serait un échec.
Être forte est devenu un badge d’honneur.
Mais si cette force, loin de nous protéger, nous empêchait au contraire d’aller mieux ?
Une croyance profondément ancrée
Cette injonction à être forte ne tombe pas du ciel.
Elle est le fruit :
d’un héritage familial et générationnel où les femmes ont appris à “tenir” en silence,
d’une éducation où exprimer ses émotions était perçu comme un signe de faiblesse,
et d’une culture contemporaine où l’indépendance féminine a souvent été associée à la capacité de tout faire, toute seule.
Les vitrines idéalisées des réseaux sociaux, la parentalité de performance, et la réalité des chiffres renforcent cette pression :
82 % des familles monoparentales sont des femmes.
20 % des femmes élèvent seules leurs enfants.
Dans ce contexte, être forte est devenu, pour beaucoup, un mode de survie.
“Je dois être forte” vs “Je dois tout gérer”
Ces deux croyances se ressemblent, mais ne reposent pas sur la même dynamique :
“Je dois tout gérer” → surcharge logistique et mentale.
“Je dois être forte” → obligation émotionnelle de rester solide, de ne jamais flancher.
Le problème ?
C’est que dans “être forte”, il y a l’idée de s’oublier, de nier ses besoins, de se couper de sa vulnérabilité.
Pourquoi cette croyance est toxique
1. Elle isole
Ne pas demander d’aide, voire la refuser, entraîne une solitude physique et mentale.
Petit à petit, on devient invisible, même pour ses proches.
2. Elle entretient le tabou de la vulnérabilité
En masquant nos difficultés, nous envoyons le message que “tout va bien”, et que la fragilité n’a pas sa place.
Conséquence : personne ne voit ce qui ne va pas, et les enfants grandissent avec l’idée qu’un adulte ne doit jamais vaciller.
3. Elle mène à l’épuisement
Élever un enfant est un marathon émotionnel, physique et mental.
Se priver de relais ou de soutien, c’est s’exposer au burn-out.
Les chiffres qui parlent
Selon une étude IFOP (2022) :
1 femme sur 3 hésite à demander de l’aide par peur de paraître faible.
48 % des femmes se sentent seules face aux difficultés parentales.
60 % pensent qu’il faut cacher leurs faiblesses pour être une “bonne mère”.
D’autres données confirment l’ampleur du phénomène :
57 % des mères se disent épuisées moralement.
68 % physiquement fatiguées. (Sources : IFOP, Heloa, Psychology Today)
Changer de perspective : assumer plutôt qu’être forte
Les leaders que l’on admire ne réussissent pas seuls.
Ils savent s’entourer, reconnaître leurs limites, créer un réseau de soutien.
Remplacer “je dois être forte” par “j’assume”, c’est :
Trouver des solutions plutôt que serrer les dents.
Accepter l’aide disponible.
Avancer avec lucidité et clairvoyance.
Un message pour les mamans… et pour les RH
Cet épuisement invisible a un coût humain, mais aussi organisationnel.
Dans le monde du travail, il se traduit par :
un désengagement progressif,
une baisse de performance,
des arrêts maladie ou des départs silencieux.
Résumé en 3 points
L’injonction à être forte enferme dans la solitude, la fatigue émotionnelle et le tabou de la vulnérabilité.
Les chiffres sont alarmants : plus d’1 mère sur 2 se dit épuisée, et beaucoup refusent de demander de l’aide.
Changer de posture — passer de “être forte” à “assumer” — permet de se préserver, de mieux s’entourer et de gagner en équilibre.
Pour aller plus loin
🎙 Écoute l’épisode complet de mon podcast BienVaillantes :
« Maman warrior : forte… mais à quel prix ? »
👉 [Lien vers l’épisode]
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